Vincent Laarman est titulaire d'un diplôme en économie obtenu à l'Université de Berlin. Il a également effectué ses études à L'École Supérieure de Commerce de Paris. Il nous accorde un entretien dans lequel il nous présente sa vision de l'épargne et de l'investissement au regard de l'évolution de la valeur de la monnaie au cours des siècles passés.
Bonjour Vincent Laarman, que pouvez-vous nous dire sur la monnaie et l'épargne ?
Vincent Laarman : Je fais une constatation simple : depuis près de deux siècles maintenant, les sommes épargnées ont perdu beaucoup de leur valeur, et cela de manière accélérée depuis deux décennies. En effet, en 1700, une pièce de 5 francs permettait d'acheter de quoi nourrir une famille pendant une semaine et en 1900 pendant quatre semaines. Ainsi, épargner avait un sens à cette époque. Au-delà de la richesse que pouvait accumuler chaque citoyen, cela influait également sur le développement du pays.
Pouvez-vous développer ce point ?
Vincent Laarman : Au cours du XVIIIème et du XIXème siècle, la France a connu, notamment, un formidable essor architectural. Pour ne parler que de la capitale de notre pays, on peut évoquer les édifices haussmanniens, l'Opéra ou la tour Eiffel. Citons également le réseau ferré français, les hauts-fourneaux ou les chantiers navals. Tout cela étant dû en partie au fait que l'argent avait beaucoup plus de valeur à cette époque. C'est ce que j'ai pour habitude de nommer « la vraie richesse ».
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Vincent Laarman : Depuis le début du XXème siècle, on constate une inversion de ce phénomène, à commencer par les réalisations architecturales. On a vu se multiplier les barres HLM construites à la va vite avec une utilisation courante de matériaux médiocres. Notez aussi que l'euro n'a rien changé à cette réalité, au contraire, sa valeur a diminué de moitié entre 2002 et 2012.
Mais à quoi sont dus ces phénomènes ?
Vincent Laarman : Je ferai un lien direct de cause à effet entre la stabilité monétaire et la fiabilité des investissements. En effet, quand la monnaie est stable, les investisseurs, qu'ils soient des particuliers ou des entreprises, ont tendance à prendre le temps et à réaliser des investissements pérennes. Au contraire, en temps d'instabilité et quand les prix augmentent, c'est la précipitation qui prévaut, de peur de manquer des occasions ou de voir très rapidement le prix d'un bien croître, sans savoir jusqu'où cela va aller. Et cela est valable pour tous types d'investissements, pas seulement immobiliers. On le constate aussi dans le domaine de l'art et de l'industrie. Ainsi, pour ne pas perdre leur argent, les gens épargnent moins et investissent plus rapidement. Ils ont de ce fait beaucoup plus de difficultés à réaliser des opérations financières de qualité dont le fruit pourrait être transmis à leur descendance. Il faut être conscient de cette réalité pour comprendre qu'à notre époque, malgré les progrès technologiques que l'on connaît, on n'est pas dans une situation de réelle augmentation du niveau de vie.